Carnet

Partager sur :
31 décembre 2018

Figure de proue - Roland de la POYPE

Vifs remerciements à Monsieur François de la POYPE pour son aimable autorisation de publier, ainsi qu'au Mémorial NORMANDIE-NIEMEN pour l'aide apportée.

Roland de la POYPE est né aux PRADEAUX (63) à proximité d'ISSOIRE le 28 juillet 1920 et décédé le 23 octobre 2012 à SAINT-TROPEZ (83).

Au niveau national, il est l'un des trois seuls détenteurs des trois distinctions suprêmes : - Grand'croix de la Légion d'honneur, - Compagnon de la Libération, - Héros de l'Union soviétique.
Roland de la POYPE est l'une des personnalités les plus emblématiques de l'extraordinaire épopée de NORMANDIE-NIEMEN (1942-1945)

Quelques repères chronologiques

Roland de la POYPE s'engage en décembre 1939 comme élève-pilote à l'École principale d'aviation d'Étampes (91). Après la ruée allemande de juin 1940, il s'évade de France, intègre une unité de la Royal Air Force en Angleterre, puis rejoint les Forces aériennes françaises libres.

L'attaque de l'Union soviétique par HITLER, le 22 juin 1941, donne l'occasion au général DE GAULLE de faire reconnaître la France libre par une puissance étrangère, ce qui n'est pas le cas des États-Unis. Il propose à STALINE une escadrille de chasse des Forces aériennes françaises libres. L'idée fait son chemin et STALINE comprend rapidement l'intérêt d'avoir un allié indépendant des États-Unis.

Après être passé par le Liban, l'Irak et l'Iran, un premier détachement de 14 pilotes volontaires (dont Roland de la POYPE) arrive le 29 novembre 1942 à IVANOVO (250 km au nord-est de MOSCOU). Le groupe commence son entraînement sur l'avion YAK (du constructeur soviétique YAKOVLEV) et choisit le nom de NORMANDIE, en mémoire de cette province française martyrisée. La cocarde bleu-blanc-rouge est peinte sur la « casserole » de l'hélice de leurs avions.

Le 5 avril 1943, les pilotes français connaissent leurs premières victoires en escorte de bombardiers et le 13 avril effectuent leur première mission de chasse libre. Nouvelles victoires et premières pertes.

A partir du 5 juillet 1943, la bataille de KOURSK fait rage. Les pilotes français s'y comportent admirablement, mais les pertes sont sévères. La priorité de STALINE, donnée à leur chef le général ZAKHAROV, est de faire durer l'escadrille NORMANDIE. Elle est devenue un symbole trop important pour disparaître. Les pilotes doivent adapter leurs modes d'action.

Le 11 octobre 1943, après avoir remporté plus de 50 victoires homologuées, le groupe NORMANDIE est fait Compagnon de la Libération par le général DE GAULLE.

Fin 1943, c'est un groupe éprouvé qui se replie pour l'hiver à TOULA. Sur les 14 premiers pilotes, il n'en reste que 5.

Le 15 février 1944, après l'arrivée d'un renfort de 52 pilotes, l'escadrille se transforme en régiment.

Le 21 juillet 1944, un « Prikaz » de STALINE ajoute le nom de « NIEMEN » à celui de « NORMANDIE », en reconnaissance de la part prise par le régiment dans le franchissement de ce fleuve.

Le 4 novembre 1944, le régiment se pose en Prusse orientale. Ce sont les premiers Français qui foulent librement le sol allemand. Le régiment compte alors 60 pilotes, soutenus par 300 mécaniciens soviétiques.

Le 2 décembre (date symbolique pour les Saint-Cyriens) 1944, le général DE GAULLE est en route pour MOSCOU. Il y est accueilli avec les honneurs dus à un chef d'État. Le 9 décembre, Marcel ALBERT (23 victoires) et Roland de la POYPE (16 victoires) sont faits Compagnons de la Libération et sont les premiers Français à recevoir l'étoile d'or de Héros de l'Union soviétique. STALINE et DE GAULLE signent un traité entre l'Union soviétique et la France. Il était nécessaire de montrer aux Anglais et aux Américains qu'il existait un autre partenaire, la France libre.

Le 14 avril 1945, l'ultime combat aérien a lieu sur la poche de KÖNIGSBERG, contre les redoutables vétérans des Mölders. Le pilote Georges HENRY y inscrit sa cinquième victoire, mais après son atterrissage, la base est attaquée par un tir d'artillerie allemand et il est tué au sol. Il est le dernier mort de NORMANDIE-NIEMEN.

Le 9 mai 1945, c'est la fête de la Victoire à MOSCOU.

Le 1er juin 1945, STALINE offre à la France les 40 « YAK 3 » du régiment.

Le 20 juin 1945, après plusieurs escales (dont une à STUTTGART où il rencontre le général de LATTRE), le régiment atterrit triomphalement au BOURGET avec ses avions de chasse. Sur les 14 premiers pilotes, il n'en reste que 3 (Marcel ALBERT, Roland de la POYPE et Joseph RISSO).

Quelques chiffres

869 combats. 273 victoires certaines. 36 victoires probables. 96 pilotes, dont 43 morts au combat.

Un héroïsme exceptionnel

Les pilotes sont des volontaires des Forces aériennes françaises libres évadés de France, portés déserteurs et condamnés à mort.

Ils s'entraînent et opèrent dans des conditions extrêmes. Froid intense. Absence totale de repères sur les immenses étendues blanches et grises, alors que les décollages et les atterrissages ne sont possibles que sur des pistes en neige damée, très difficiles à situer. Changements fréquents de lieux. Risques de méprise (difficulté d'identification et tirs fratricides). Vols épuisants qui s'enchaînent de l'aube au crépuscule.

En cas de capture, ils savent qu'ils seront systématiquement exécutés comme partisans et que leurs familles risquent des représailles et la déportation s'ils sont identifiés.

Pour leur vaillance et leur efficacité au combat ils sont redoutés par les Allemands, qui leur opposent leurs meilleures unités et leurs pilotes les plus chevronnés, notamment les Mölders (les as de GÖRING).

La légende

Venus combattre aux côtés des Soviétiques avant la victoire de STALINGRAD, la propagande les accueille dès Noël 1942 comme les « ambassadeurs du courage » et diffuse très largement une image valorisante de l'unité et de la France libre, en relatant leurs exploits dans la presse.

Cette excellente réputation est parfaitement méritée par les brillants résultats obtenus au combat et par l'importance des sacrifices et des pertes.

Les 16 et 17 octobre 1944, le régiment NORMANDIE-NIEMEN bat un record en abattant 41 avions allemands sans aucune perte.

Le comportement des pilotes français fait l'admiration des Soviétiques. Par exemple, le 15 juillet 1944, Maurice de SEYNES refuse de quitter son avion en détresse, parce que son mécanicien russe BIELOZOUB, embarqué exceptionnellement pour un vol de routine, n'a pas de parachute. Il choisit délibérément une mort certaine plutôt que de se désolidariser de son compagnon.

L'impact de NORMANDIE-NIEMEN sur l'organisation du monde de l'après-guerre

Dès sa mise en place, l'escadrille NORMANDIE est un outil diplomatique de première importance pour le général DE GAULLE et pour STALINE, notamment vis-à-vis des autres puissances.

Pour le règlement de la fin du conflit et l'organisation du monde de l'après-guerre, le général DE GAULLE n'est pas convié à la conférence de YALTA du 4 au 11 février 1945. Il demande à STALINE de l'aider pour que la France soit présente à la signature de la capitulation de l'Allemagne le 8 mai 1945, en réciprocité des services rendus à l'Union soviétique par le régiment NORMANDIE-NIEMEN.

C'est ainsi que le général de LATTRE représente la France à la signature de l'acte de capitulation de l'Allemagne, ce qui permet à notre pays de retrouver durablement sa place parmi les grandes puissances et de se positionner comme l'un des quatre grands vainqueurs, qui deviendront les premiers membres permanents du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations-Unies.

Les 273 victoires du régiment NORMANDIE-NIEMEN ont apporté une contribution héroïque à la Deuxième Guerre mondiale. Mais comparées aux innombrables affrontements de ce gigantesque conflit, leur impact stratégique est cependant relatif, alors que leur impact sur la symbolique, la conclusion de la guerre et l'organisation du monde qui a suivi est incommensurable.

En Union soviétique, puis actuellement en Russie, le régiment NORMANDIE-NIEMEN est ancré dans les mémoires et sa légende est associée à l'image de la France.

Roland de la POYPE après la guerre

Roland de la POYPE devient attaché de l'air en Belgique, puis en Yougoslavie.

Il quitte l'armée de l'air en 1947 avec le grade de commandant de réserve et se lance dans une carrière d'industriel, comme pionnier de la plasturgie. En 1970, il fonde le Marineland d'Antibes.

Ses obsèques ont lieu le 30 octobre 2012, en la cathédrale Saint-Louis des Invalides à PARIS, en présence d'une importante délégation de l'armée de l'air, des Choeurs de l'armée rouge et du colonel Fred MOORE, chancelier de l'ordre de la Libération.

Les honneurs militaires lui sont rendus par un détachement de la base aérienne 123 d'Orléans, en présence d'une délégation du régiment de chasse 2/30 NORMANDIE-NIEMEN. Il repose à TREPT (38).

Décorations de Roland de la POYPE

- Grand'croix de la Légion d'honneur

- Compagnon de la Libération

- Croix de guerre 39/45 (12 citations)

- Héros de l'Union soviétique (URSS)

- Croix de guerre tchécoslovaque

- Ordre du Drapeau rouge (URSS)

- Ordre de Lénine (URSS)

- Mérite de la Guerre pour la Patrie (URSS)

- Ordre de la Victoire (URSS)

 

 


Aucun commentaire

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.