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25 mai 2019

Figure de proue - François MICHELIN

Hommage à Monsieur François MICHELIN.

Vifs remerciements à Monsieur Damien MICHELIN pour son aimable autorisation de publier, ainsi qu'à l'Aventure Michelin pour l'aide apportée.

S'il est un nom qui s'impose tout particulièrement à Clermont-Fd, c'est bien celui de MICHELIN, tellement il a imprégné la ville et le département depuis la fin du XIXe siècle, avant d'être connu dans le monde entier.

Dans cette expansion industrielle, une personnalité se distingue tout particulièrement : François MICHELIN.

François MICHELIN est très connu, d'une part parce qu'il a poursuivi avec un succès éclatant l'essor de l'entreprise familiale en la transformant en un géant de dimension mondiale, numéro un du secteur et d'autre part parce qu'il est contemporain de plusieurs générations, qui ont fait un bout de chemin avec lui.

BIOGRAPHIE DE FRANÇOIS MICHELIN

François MICHELIN est né le 15 juin 1926 à Clermont-Fd. Il est le fils d'Étienne Michelin et de Madeleine Calliès et le petit-fils d'Édouard Michelin (1859-1940), l'un des principaux fondateurs.

Après le décès de son père en 1932 et de sa mère en 1936, il grandit à Clermont-Fd auprès de sa grand-mère Madame Édouard Michelin, née Thérèse Wolff (1870-1953) et de sa tante Marthe Rollier (1892-1966).

Il commence sa scolarité comme pensionnaire des Frères des Écoles chrétiennes à Clermont-Fd, puis poursuit des études classiques de mathématiques. Il obtient une licence à la Faculté des sciences de Paris.

En 1951, à 25 ans, François MICHELIN entre dans l'entreprise familiale sous une fausse identité pour un parcours d'initiation de quatre ans. Il commence comme ouvrier-ajusteur dans les équipes qui fonctionnent avec des horaires en 3x8, poursuit dans les différentes usines de Clermont-Fd pour la fabrication des pneus et termine dans les services du commerce et de la recherche. Ce parcours lui permet de connaître parfaitement la réalité du terrain et de prendre la mesure de l'importance des investissements de recherche.

En 1955, François Michelin est nommé cogérant des Établissements Michelin aux côtés du patron Robert Puiseux. En 1959, il devient le seul gérant de l'entreprise et le véritable patron, pour plus de 40 années.

En 1999, à 73 ans, François MICHELIN, qui a la réputation d'être le plus secret des patrons, poursuit la tradition familiale en transmettant les rênes de l'entreprise à son fils Édouard, qui avait été nommé cogérant en 1991 et se retire définitivement en 2002.

Le 26 mai 2006, François Michelin, âgé de 80 ans, connaît l'épreuve terrible d'apprendre le décès accidentel de son fils Édouard, âgé de 42 ans. Il s'éteint à son tour à Clermont-Fd le 29 avril 2015, à l'âge de 89 ans.

Ses obsèques sont célébrées à la cathédrale de Clermont-Fd le 5 mai 2015, en présence d'Emmanuel MACRON, ministre de l'Économie. La foule est si nombreuse que la cérémonie est retransmise sur écran géant, place de la Victoire et dans le stade Marcel Michelin, où le personnel de l'entreprise est venu lui rendre un ultime hommage.

François MICHELIN est nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du 10 avril 2009.

L'ANCRAGE DE MICHELIN à CLERMONT-FD

L'entreprise Michelin est née à Clermont-Fd.

En 1832, Aristide Barbier et Édouard Daubrée, fondent une société qui fabrique des machines agricoles, puis qui se diversifie dans la production de petites pièces en caoutchouc, dont on découvre alors les perspectives de développement. Après le décès des fondateurs en 1863, les Établissements Barbier-Daubrée périclitent.

En 1886, André Michelin, petit-fils d'Aristide Barbier, entreprend le sauvetage de l'entreprise familiale. En 1889, son frère Édouard en devient l'unique gérant.

La conjoncture mondiale est favorable avec l'arrivée de nouvelles technologies et de nouveaux produits. L'esprit pionnier des frères Michelin se concrétise par des innovations comme le pneu de vélo démontable, facile à réparer lors des crevaisons, et le pneu pour les voitures qui se multiplient pendant la Belle époque et dont les compétions, qui connaissent un grand succès, contribuent à la promotion.

Dans le même temps, la passion des frères Michelin pour l'aviation les conduit à soutenir cette activité. Lors de la guerre de 1914-1918, la mobilisation prélève une partie importante du personnel.

Par patriotisme, l''entreprise Michelin soutient l'effort de guerre, notamment par la production à prix coûtant du bombardier Bréguet XIV, surnommé « l'avion de la Victoire ».

Près de 2000 exemplaires sont fabriqués à Clermont-Fd entre 1915 et 1919. La première piste d'aviation en dur d'un aéroport est construite à Aulnat, en 1916.

L'entreprise Michelin a façonné Clermont-Fd.

Au début du XXe siècle, Clermont-Fd compte 50 000 habitants. La croissance de l'entreprise Michelin explique l'essor démographique de la ville et son développement urbain, principalement dans « l'entre deux villes », entre les noyaux anciens de Clermont et de Montferrand. Les usines, les cités ouvrières et les installations techniques se multiplient.

Au XXIe siècle, la ville de Clermont-Fd est devenue une métropole. Les infrastructures Michelin contribuent de manière très visible à son identité, notamment le siège des Carmes, les usines, le stade Marcel Michelin, le centre d'essais historique « Les Pistes », le centre d'essais de Ladoux et tout récemment le nouveau centre technologique.

En 1911, l'Association Sportive Michelin est créée par Marcel Michelin. Elle devient l'Association Sportive Montferrandaise en 1922, mais le sigle ASM s'impose toujours comme un emblème très fort de Clermont-Fd.

Au delà des symboles, il est évident que le poids économique de Michelin à Clermont-Fd est considérable, pendant plus d'un siècle.

L'Aventure Michelin présente sous une forme très moderne la très riche histoire du Groupe, ses innovations, son actualité et ouvre sur l'avenir dans un espace muséographique de 2000 m2, situé 32 rue du Clos Four à Clermont-Fd.

L'attachement réciproque de Michelin et de Clermont-Fd est résumé dans cette citation de François MICHELIN :

« A Clermont-Ferrand, nous sommes près de la matière, de l'Usine et des Hommes, et ça sent le caoutchouc ! La conception française qui veut que tout soit concentré à Paris est stupide, comme il est stupide que les idées viennent d'en haut. Elles viennent du terrain, de la réalité. [ ] Voilà pourquoi le siège de Michelin est, et restera, à Clermont-Ferrand ».

Une dimension sociale très forte.

Le développement continu de Michelin à Clermont-Fd est marqué par un accompagnement social qui résulte d'une volonté très forte des dirigeants de l'entreprise, de répondre aux différents besoins du personnel, dans les meilleures conditions d'efficacité et de coût, par rapport aux possibilités du moment et à l'offre locale insuffisante ou inadaptée.

Les principales réalisations concernent le logement avec des cités ouvrières proches et modernes, l'approvisionnement des ménages par les coopératives, la santé, l'enseignement, les sports, les loisirs et même le culte.

Une autre dimension ne doit pas être oubliée, même si elle est actuellement moins visible. Il s'agit de l'accompagnement de l'exode rural des années 50 et 60. Alors que le besoin de main d'oeuvre en ville était en très forte croissance, la mise en place de lignes d'autobus Michelin et un encouragement au covoiturage par une organisation adaptée du travail, ont permis à de très nombreux ruraux de ne pas se déraciner et de conserver leurs petites exploitations agricoles, leurs logements et leur mode de vie, grâce à leur salaire d'ouvrier.

LA TRANSFORMATION DE MICHELIN EN NUMÉRO UN MONDIAL

Une implantation internationale précoce

Dès le début du XXe siècle, Michelin prospecte de nouveaux marchés en ouvrant des agences en Belgique, aux Pays-Bas, en Autriche (1900), en Allemagne ou en Espagne (1901), puis des ateliers de production en Angleterre (1905).

En 1905, la première véritable usine à l'étranger ouvre à Turin (Italie), où Michelin devient le premier fournisseur de FIAT. En 1907, d'autres usines s'installent à Francfort (Allemagne) et à Milltown dans le New Jersey (États-Unis).

Après la crise de 1929, un nouveau cycle d'implantations à l'étranger commence en 1933, notamment en Argentine (1933), en Espagne et en Tchécoslovaquie (1934), en Belgique (1937) et aux Pays-Bas (1939). Le succès de cette expansion s'explique par la mise au point de nouveaux pneus, grâce à une politique de recherche ambitieuse, qui permet de devancer la concurrence.

Parallèlement, Michelin s'impose comme pionnier dans l'organisation d'événements sportifs, qui servent de tremplin à la marque. L'entreprise participe notamment à la Croisière Noire en Afrique (1924-1925) et à la Croisière jaune en Asie (1931-1932), organisées par Citroën. Il s'agit de montrer l'aptitude des pneus Michelin en tous lieux et dans des circonstances extrêmes.

La révolution du pneu à carcasse radiale

En 1946, un ingénieur Michelin (Marius Mignol) dépose le brevet d'un pneu révolutionnaire : le Radial, qui offre plus de sécurité, plus de kilomètres et une consommation moindre de carburant.

Entre 1950 et 1980, la technologie radiale est étendue à tous les types de pneus (poids-lourds, génie civil, engins agricoles) et devient le fer de lance des exportations, sous l'impulsion de François MICHELIN.

Parallèlement, Michelin installe des usines à l'étranger pour produire localement et équiper en première monte. En 1958, une usine est ouverte à Karlsruhe (Allemagne). Trente nouvelles usines sont créées en Europe entre 1960 et 1980.

Le Radial devient la clé de l'expansion en Amérique.

La conquête du marché américain

En 1950, Michelin fait son retour aux États-Unis, où les transporteurs de charges lourdes ont adopté la marque.

En 1968, FORD décide de faire équiper la Lincoln Continental Mark III du pneu Radial en monte d'origine et le distributeur SEARS choisit Michelin pour sa réputation de qualité et son savoir-faire technologique. La publicité à la télévision américaine place Michelin dans une position très favorable face à la concurrence.

En 1971, Michelin ouvre deux nouvelles usines en Nouvelle-Écosse (Canada).

Le 10 mars 1975, le premier pneu de tourisme Michelin fabriqué aux États-Unis sort de l'usine US1 de Greenville (Caroline du Sud). L'usine US2, située à Anderson, fabrique les produits semi-finis destinés à l'usine US1. L'usine US3 est ouverte en 1978 à Spartanburg. L'usine US4 est ouverte à Dothan (Alabama).

Le centre de recherches de Laurens est inauguré en 1977.

En 1988, le siège social nord-américain du Groupe migre de New-York à Greenville (Caroline du Sud). En 1989, Michelin acquiert Uniroyal-Goodrich Tire Company, qui fait de Michelin le premier fabriquant de pneus au monde.

Aujourd'hui, Michelin Amérique du Nord possède 22 usines dans 17 localités et emploie 22 300 personnes aux États-Unis, au Canada et au Mexique. L'entreprise fabrique et vend des pneus pour les vélos, les motos, les automobiles, les poids-lourds, les engins agricoles et de chantier, les avions et même la navette spatiale.


Telle est l'oeuvre de François MICHELIN.

 



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