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Le mot du Président
« 8 mai 1945 – 8 mai 2025 : le monde a changé…»
Chères amies, chers amis,
La célébration du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale méritait sans nul doute un éditorial. Après leurs anciens de la Grande Guerre, les témoins de cette période sombre et porteuse d’espoirs après six années de guerre nous quittent peu à peu, alors que la guerre fait à nouveau rage en Europe.
Par un curieux clin d’œil de l’histoire, cette période de commémoration est symptomatique de la fragilité actuelle des relations internationales.
A l’époque, il y eut plusieurs cérémonies de signature de la capitulation nazie et de célébration de la victoire, entre la première ratification à Reims le 7 mai, celle de Berlin exigée par les soviétiques le 8 mai – on pouvait difficilement le leur refuser - et la communication officielle à Moscou le lendemain, le 9 mai 1945.
Le choix final de la date officielle de la fin de la guerre n’a jamais été tranché. Il s’est compliqué un peu plus avec une seconde commémoration : celle rendant hommage à la déclaration de Robert Schuman le 9 mai 1950, dans laquelle il propose la création d'une Communauté européenne du charbon et de l'acier. Cette première déclaration marquait le lancement du processus de création de l’Union Européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Jusqu’à l’élection du président Giscard d’Estaing en 1974, indéniablement, la célébration de la victoire l’emportait. Il est vrai que le souvenir de la guerre occupait encore grandement les esprits. Pourtant le nouveau président, souhaitant appuyer l’impulsion européenne, décida alors de privilégier un événement plus rassembleur et d’abandonner la commémoration de la victoire. Les réactions politiques tout autant que celles des anciens combattants ont eu raison de ce choix : son successeur, le président Mitterrand rétablit le 8 mai 1945 et occulte de fait la « commémoration européenne » du 9 mai.
Cette période éclaire d’un œil toujours vif l’instrumentalisation politique des dates qui font l’histoire. Ce n’est pas nouveau et 2025 n’échappera pas à la règle. L’exploitation politique des commémorations est légitime car l’instrumentalisation de l’histoire est aussi vieille que le sont nos pays. Ne nous y trompons pas, le roman national, qui a fondé la 3e République et permis à la nation de « tenir » lors du premier conflit mondial, en est une parfaite illustration.
La vieille Europe, et le continent de manière générale, traversent une période de grande fragilité qui nous rappelle que la fin de l’Histoire chère à Fukuyama était illusoire. Nous sommes confrontés à une remise en question brutale – moins de vingt ans - d’un ordre international construit par le monde occidental au cours des siècles précédents. Ce monde est révolu, non parce qu’il est mauvais en soi mais parce que des puissances rivales ont pris conscience de nos faiblesses et entendent inverser les rapports de forces, avec leurs propres règles.
La France – avec les autres nations européennes - doit désormais affronter des périls nouveaux, diffus et insidieux qui menacent son modèle politique et social, sans forcément tuer ou détruire matériellement. Alors que nous avons encore une vision convenue de la guerre illustrée par un affrontement armé gigantesque avec force blindés, avions ou bateaux de guerre, le communautarisme, la remise en question des traités, la déstabilisation cybernétique ou la désinformation frappent au cœur de la « nation France » et de ses amis européens. Ces menaces quasi existentielles sont d’autant plus fortes dans un monde interconnecté. S’appuyant sur l’image et la numérisation du monde, elles sidèrent, paralysent et désarment. Elles touchent tous les aspects de notre souveraineté et de notre modèle politique, économique et social.
Il est urgent que nous prenions la mesure des défis à relever, non pas dans trente ou quarante ans mais dès à présent. Les dix prochaines années seront cruciales.
C’est peut-être cela le message à porter le 8 et le 9 mai. : la guerre a changé de forme mais elle n’a pas changé de nature et il est essentiel de faire corps. Sans quoi, nous abandonnerions le combat de nos anciens de 1939-1945.