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04 septembre 2023

Décès - Hommage au général Henri FOURCADE

 Le général Henri FOURCADE est décédé dans sa 92e année. Ses obsèques ont eu lieu à l'église Saint-Eutrope le 24 août 2023.

 Ci-dessous le texte de l'hommage du général (2s) Jean Nichon, issu de l'arme des Troupes de marine et président honoraire du comité d'Issoire de la SMLH.

 « Mon général, mon ancien et frère d’armes, cher Henri,

Ainsi que tu l’as souhaité, le moment est venu de t’exprimer sans pudeur, l’indéfectible attachement de celles et ceux compagnons d’armes de la famille se reconnaissant sous le signe de l’ancre d’or que tu portas durant 27 ans de ton parcours de soldat. S’y associent les anciens enfants de Troupe, tous tes pairs des Troupes de marine, les officiers, sous-officiers et soldats qui ont partagé tes périodes de commandement interarmes, les membres de nos ordres nationaux et les nombreux amis avec lesquels tu as engagé ton amitié. L’émotion nous étreint de voir partir un chef, un meneur d’hommes, un homme de réflexion et de vaste culture prônant les relations humaines.

Je veux m’adresser en premier lieu à ses enfants Joëlle, Hervé et Valérie, leur conjoint et toute sa descendance. Faits du brocard qu’il a tissé avec Jacqueline, l’inoubliable : culture, tempérament, traits de caractère, ressemblance, chacun d’entre vous est un composé aléatoire qui ressemble à notre Bigor. Vous êtes désormais posés sur les branches de l’arbre dont ils sont les racines. Dans son sillage, creusez votre sillon avec confiance : il a rassemblé tout ce que sa vie d’officier a fait germer en lui : les courages dont il a été capable, les heures de lumière, les faiblesses, l’amour de ceux qui l’ont accompagné et celui qu’il a prodigué.

Un parcours d’officier qui commence à Saint-Cyr en 1951, se poursuit dans l’Artillerie coloniale qui deviendra Artillerie de marine, où il satisfera outre son rêve d’aventures et de grand large, un style de vie qui lui correspond intimement. Jeune lieutenant bouillant, observateur, puis officier de tir à Sfax en Tunisie en 1956. Il traverse la frontière avec l’Algérie et recevra le baptême du feu contre la rébellion qui s’intensifie à la 4e batterie du Régiment d'artillerie coloniale à Aïn Milla.

Durant une courte permission, il épouse Jacqueline le 1er juin 1954 et l’emmène au Sénégal pour deux ans. Il s’ouvre au monde africain à la veille des indépendances, tire au canon avec le 6e Régiment d'artillerie coloniale, tandis que le sourire de Joëlle donne la tonalité joyeuse du séjour, bientôt suivi de celui d’Hervé.

En Algérie, en 1959 : aux actions de grande envergure succèdent des procédés plus souples, mobiles et fluides, les commandos de chasse. Dans les rangs de la première batterie du 9e Régiment d'artillerie de marine qu’il commandera comme lieutenant, il ajoutera deux citations à sa croix de la Valeur militaire.

Il évoquera avec pudeur le souvenir de ces petits miracles qui font la survie d’un soldat, la camaraderie, l’explosion de vitalité qui monte en soi, le trop plein d’émotion, les joies. Les affrontements succèdent aux petits miracles qui font la vie du combattant : l’engagement du jour chasse les larmes de la veille.

En 1962, après un bref congé de fin de campagne, promu capitaine, il rejoint Antsirabe sur les Hautes Terres de Madagascar, en famille, pour y assurer le commandement statutaire d’une batterie au sein du 7e Régiment interarmes d'outre mer (RIAOM). Il s’y investit corps et âme. Allant, sens aigu du possible, intelligence concrète ; habileté manœuvrière et charisme, enthousiasmèrent ses jeunes marsouins et bigors. Tandis que curieux de tout il s’initie à la tradition orale malgache des Vazimbas, Jacqueline met au monde Valérie. Sa réputation de capitaine de terrain n’étant plus à faire, il acquiert le diplôme d’état-major et affûte ses talents de rédacteur au saint des saints : le cabinet du général chef d’état-major de l’armée de terre. Promu chef d’escadron, il va donner libre cours à son tempérament créatif et à ses talents de communiquant, tout en s’opposant volontiers au conformisme au Service d’information et de relations publiques des armées dépendant du ministre.

A ta vocation, d’officier des Troupes de marine, il manquait l’Indochine, terre brûlante, végétation effervescente, culture millénaire d’hommes qui parlent une langue aiguë. C’est au Laos, à Vientiane en 1973, que tu exerceras la fraternité et la solidarité des armes pendant deux années au poste de conseiller auprès du commandement des forces militaires du pays.

Le temps béni de chef de corps se profile alors. Chef de corps : une belle périphrase qui désigne tout naturellement la tête : au sens physique celle de l’homme, au sens militaire celle du régiment, son colonel. Après deux années denses de commandant en second du 11e Régiment d'artillerie de marine à Dinan, tu es choisi pour assurer la continuité du commandement du 41e Régiment d'artillerie de marine à la Fère.

Magnifique régiment d’artillerie d’une brigade mécanisée, aux fortes traditions, que tu porteras au plus haut niveau opérationnel. Tu y instaures une ambiance telle que chacun t’obéit d’amitié. Tes lieutenants qualifieront même ton couple de « Seigneurs » !

Ce tremplin vers les étoiles passera tout d’abord par les fonctions de chef d’état-major du général commandant supérieur des forces armées (COMSUP) en Nouvelle-Calédonie. Ta rigueur intellectuelle sera particulièrement appréciée dans ton rôle de transmission des ordres et de coordination de l’action tandis que les loyalistes et les indépendantistes manifestent leurs divergences sur le devenir du Caillou.

Général de brigade tu seras l’adjoint de la prestigieuse 2e Division blindée à Versailles, où ton sens du panache « Leclerc » s’y épanouit jusqu’en 1984.

Artilleur émérite, ta réputation te conduit ensuite à Lille où tu assistes pendant deux ans le général commandant l’Artillerie du corps d’armée.

Divisionnaire, il te revient de droit d’assumer pleinement un commandement à ta mesure, la 52e Division militaire territoriale. Sous les couleurs du gonfanon des chevaliers d’Auvergne et du casque gaulois, ton tempérament volcanique s’adapte au territoire, en position géostratégique avantageuse, au patrimoine culturel riche, invitation constante à la curiosité et à la découverte. La communauté militaire et civile t’adoptent définitivement.

Chacun soulignera ta forte personnalité exigeante, à l’image des épreuves que la vie t’a fait traverser, ta pensée toujours en éveil et lucide qui appelle à toujours voir plus loin. Plaçant l’homme et son épanouissement au-dessus de toutes les valeurs, tu as porté haut et fort l’identité et la visibilité de notre famille militaire.

Mon général, qui es d’ores et déjà entré dans la plénitude de Dieu et à rejoint Jacqueline, veille sur ta famille, veille sur nous et sur les soldats de France ; sois notre sentinelle du soir. Nous sommes certains que ton ardeur, ton enthousiasme, ton goût de la liberté, le refus de toute compromission et ta joie de vivre nous apporteront courage et altitude ».

 

 Les obsèques de Madame Jacqueline FOURCADE ont eu lieu le 13 août 2020, dans la même église.

 

 

 

 

 

 

 



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