6300 - PUY-DE-DÔME
Décès - Hommage au sous-lieutenant Robert KERDÉVEZ
Les obsèques du sous-lieutenant Robert KERDÉVEZ ont eu lieu le 14 août 2024 à l'église Jésus-Ouvrier de Clermont-Fd. Il avait 93 ans.
Ci-dessous l'hommage qui lui a été rendu par le général (2s) Jean-Paul VARENNE-PAQUET, président honoraire de la section du Puy-de-Dôme de la Société des membres de la Légion d'honneur.
« Avec le départ du sous-lieutenant (h) Robert KERDÉVEZ, c'est une personnalité exceptionnelle de la section du Puy-de-Dôme de la Société des membres de la Légion d'honneur qui nous quitte.
Robert KERDÉVEZ, c'est avant tout un militaire qui a consacré une partie de sa vie au service de la France.
Pour comprendre sa carrière militaire, je me suis appuyé sur les documents qu'il m'a transmis, ainsi que sur des confidences recueillies dans diverses circonstances, notamment lors la remise de son insigne de commandeur de la Légion d'honneur, le 6 juin 2015, par le professeur de cardiologie Jean Ponsonnaille.
Le premier document militaire qui a retenu mon attention est sa carte du combattant. Elle indique sa date de naissance, le 4 octobre 1930, et pour son lieu de naissance, elle porte l’inscription A.P. du Loiret, c'est à dire Assistance publique du Loiret.
L'enfance du jeune Robert KERDÉVEZ ne s'est pas déroulée dans un environnement familial habituel. Bien au contraire, il a été pris en charge dans différentes familles d'accueil, au sein desquelles la vie a été souvent très difficile, dans des fermes où il devait accomplir des tâches pénibles par tous les temps et en extérieur.
En 1940, il a 10 ans, quand survient la défaite et l'Occupation. Et c'est l'Occupation qui l'a particulièrement marqué. Par exemple, la chambre, qui l'hébergeait dans la maison, a été réquisitionnée par les Allemands. Il a alors été contraint d'aller dormir dans l'écurie avec les chevaux.
Cette période de son enfance lui a fait connaître un des visages de la guerre et c'est sans aucun doute ce qui a contribué à lui forger le caractère et à faire naître en lui une vocation militaire.
A la fin de la guerre en 1945, il a 15 ans et il est sans véritables perspectives professionnelles. Dès qu'il le peut, c'est à dire à 18 ans pile, il s'engage dans l'armée de terre, pour tourner le dos aux années de misère et partir vers l'aventure.
Il est incorporé au 8e Régiment de zouaves à Rabat au Maroc pour faire ses classes et neuf mois plus tard, il est caporal. Il est affecté au 6e Régiment de tirailleurs marocains à Kasba Tadla au Maroc. L'unité est désignée pour un séjour de deux ans et demi en Indochine.
Au cours de ce premier séjour, il est nommé caporal-chef puis sergent. Á 19 ans, il se distingue en recevant la Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs avec sa première citation à l'ordre de la brigade.
À 20 ans, il reçoit sa deuxième citation, mais cette fois à l'ordre de l'armée, c'est-à-dire le degré le plus élevé dans l'échelle des citations. Il est blessé par balle au cours de cette opération, le 17 janvier 1951.
En juin 1952, après une permission, il est affecté 2e Régiment de tirailleurs marocains, qui opère en différents lieux d’Indochine à partir d’avril 1953.
Le 25 novembre 1953, il est blessé au visage par des éclats de grenade. Sept mois plus tard, il est promu sergent-chef. Le 31 octobre 1954, il reçoit sa troisième citation, cette fois-ci à l'ordre de la division.
En février 1955, il revient à Meknès au Maroc, au 1er Régiment de tirailleurs marocains, puis en octobre de la même année, il est affecté au 5e Régiment de tirailleurs marocains à Besançon, où il reçoit la Médaille militaire, le 23 juillet 1956, à 25 ans.
En octobre 1956, il commence son premier séjour en Algérie au 129e Régiment d’Infanterie, qui participe aux opérations de maintien de l’ordre. Un an plus tard, il est promu adjudant.
En juin 1959, il est affecté au 5e Régiment de tirailleurs marocains à Auxerre. Puis en novembre de la même année, il retourne en Algérie pour un séjour de deux ans au sein du 128e Bataillon de secteur.
Le 13 novembre 1959, il reçoit la Croix de la valeur militaire avec une citation à l'ordre de la brigade. Le 13 février 1960, il ajoute une citation à l'ordre du régiment et le 9 novembre 1961, une nouvelle citation à l'ordre de la brigade.
En juillet 1962, c'est le retour définitif en France, au centre mobilisateur n°131 à Orléans. Six mois plus tard, il est promu adjudant-chef.
En avril 1965, il rejoint l’École d’enseignement technique de l’armée de terre à Issoire. Il y occupe un poste administratif et il participe à l’encadrement et à la formation militaire des élèves techniciens.
Le 19 juillet 1974, l'adjudant-chef Robert KERDÉVEZ est fait chevalier de la Légion d’honneur, la plus haute distinction nationale, à 43 ans.
Le 1er juillet 1977, il rejoint sa dernière affectation au 52e Groupement divisionnaire à Clermont-Fd, à la disposition du général commandant la 52e Division militaire territoriale, dont il devient le porte-fanion.
Le 8 mai 1984, il est reçu dans l'ordre national du Mérite directement au grade d'officier.
Il fait ses adieux aux armes, le 5 octobre 1985 et poursuit ses activités militaires dans la réserve. Un an plus tard, il est nommé sous-lieutenant.
Ce parcours militaire exceptionnel ne serait pas complet sans citer un épisode héroïque transmis par le bouche-à-oreille.
Il est avéré qu'au cours d'une opération en Indochine, lors d'un combat particulièrement difficile, qui a imposé un désengagement et un repli sous le feu de l'ennemi, le sergent Robert KERDÉVEZ, lui-même blessé par balle, a transporté sur son dos son lieutenant blessé et inconscient sur plus d'un kilomètre.
Robert KERDÉVEZ, c'est également un très grand sportif.
Son engagement pour le sport s'est d'abord exprimé dans son métier de chef militaire, que ce soit en opération extérieure ou dans l’encadrement des jeunes militaires en école ou d'en d'autres unités.
Pour le milieu civil, la stabilité géographique à Clermont-Fd lui a permis de se rapprocher de l'ASM et de participer à l'animation dans des activités d'athlétisme.
Robert KERDÉVEZ a toujours fait du sport une finalité et un art de vivre. La meilleure illustration de ses performances et de sa motivation est sa participation au marathon de New-York, comme cadeau de ses proches, à l'occasion de son 80e anniversaire.
La reconnaissance de son action et de son dévouement dans les domaine sportif et associatif s'est traduite par l’attribution de la médaille d'or de la Jeunesse et des Sports, au titre de la promotion du 1er janvier 2003.
Robert KERDÉVEZ, a été récompensé par la Légion d'honneur et il lui a également beaucoup donné.
Le grade de commandeur, porté par seulement 3% des décorés de la Légion d'honneur, est une consécration pour Robert KERDÉVEZ, qui avait été promu officier le 14 juillet 2000.
Robert KERDÉVEZ, a été aussi un grand serviteur de la Société des membres de la Légion d'honneur
Il s'est mis au service de la section du Puy-de-Dôme, dès qu'il a quitté le service actif.
De novembre 1986 à octobre 2014, soit pendant 28 années, il exerce les fonctions de secrétaire et de trésorier de section.
De janvier 1998 à avril 2021, soit pendant 23 années, il ajoute la fonction de vice-président.
Dans ces différentes fonctions, il a été particulièrement apprécié pour sa disponibilité, sa méticulosité et sa rigueur.
Par ailleurs, il a exercé occasionnellement la fonction de porte-drapeau.
Qu'il en soit chaleureusement remercié.
Robert KERDÉVEZ, c'est aussi un ami.
Nous le connaissons depuis très longtemps. Très présent dans les activités de la section ou des comités, ainsi que lors des cérémonies, il a contribué à la très belle image de notre association.
Nous garderons tous le souvenir d'un homme particulièrement attachant, toujours prêt à servir au profit de la collectivité, d'humeur toujours égale et bienveillante, ainsi que d'une extrême discrétion sur son parcours personnel.
Au nom des membres de la section du Puy-de-Dôme de la SMLH, des membres des autres associations et de tous ses amis, j'adresse à son épouse, à ses enfants, ainsi qu'à toute sa famille, toute notre sympathie et notre soutien et je salue une dernière fois respectueusement et amicalement notre ami Robert KERDÉVEZ ».
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